Les enfants ont presque tous peur, à un moment ou à un autre.
Des voleurs. Des monstres. De l’avion. Du noir… surtout du noir!
Et ici, sur la Côte-Nord, les soirs d’hiver sont longs.
Quand ces peurs surgissent, on veut tous bien faire. On rassure, on explique, on allume la lumière. Parfois ça marche, parfois non. Et si, au lieu de chercher à chasser la peur, on essayait de l’écouter un peu plus?
Parce qu’au fond, la peur, c’est le langage que l’enfant utilise quand il n’a pas encore les mots. Et notre rôle, comme adulte de confiance, c’est d’apprendre à la traduire.
La peur du noir : une étape normale du développement
Vers 2 à 5 ans, l’imaginaire prend toute la place. L’enfant invente des histoires, des monstres, des ombres… et le noir devient parfois le théâtre de son monde intérieur. Cette peur du noir n’est pas un caprice. C’est une étape normale du développement, une façon pour l’enfant d’apprivoiser ce qu’il ne comprend pas encore.
Et quand on y pense, la peur du noir, c’est un peu la peur de ce qu’on ne voit pas. Et ça, même les adultes la connaissent.
D’autres peurs qui grandissent avec les enfants
En grandissant, les peurs changent elles aussi, comme l’enfant! Peuvent alors s’ajouter toutes sortes de nouvelles peurs : la peur du dentiste, des accidents, du vide, de l’avion ou même des incendies.
Puis ce n’est pas fini! À l’école, apparaissent les peurs sociales : peur d’être jugé, rejeté ou de se tromper devant les autres. Ces peurs sont parfois épuisantes, oui! Mais elles traduisent surtout un besoin fondamental : celui d’être en sécurité.
Le rôle de l’adulte de confiance
Quand un enfant a peur, il cherche avant tout un repère. Être un adulte de confiance, ce n’est pas tout expliquer. C’est rester stable et calme, même quand la peur revient dix fois dans la même soirée.
Quand un enfant a peur, on veut tellement le rassurer qu’on essaie parfois de faire disparaître l’émotion. Mais la peur, elle ne s’efface pas : elle se comprend, elle se traverse… et parfois, elle a juste besoin qu’on reste là un moment.
Rassurer un enfant, ce n’est pas lui dire que sa peur n’existe pas. C’est l’aider à la nommer, à la comprendre et à la traverser, tranquillement.
Voici trois réflexes à éviter (autant qu’on peut!) :
Minimiser : « Voyons Émile, il n’y a rien derrière la porte, tu sais bien! »
Forcer : « Ce soir, tu dors sans lumière. Tu es assez grand maintenant! »
Raisonner trop : « Ce n’est pas logique d’avoir peur du noir! À un moment donné, faut que tu comprennes qu’il n’y a rien là. »
Ces réflexes viennent souvent d’un bon endroit. On veut rassurer. Mais pour l’enfant, ils ferment la porte à l’expression.
Mieux vaut être là, que d’avoir raison.
D’autres conseils pour devenir un adulte de confiance juste ici !
Des conseils pour aider un enfant à traverser sa peur
Il existe mille façons d’accompagner la peur, mais voici nos meilleurs conseils :
Prenez sa peur au sérieux
Chez ESPACE Côte-Nord, on le répète souvent : écouter ce qu’un enfant vit, c’est déjà prévenir. Quand on prend sa peur au sérieux, on lui montre qu’il peut se confier, qu’il a le droit de ressentir ce qu’il ressent.
Il ne faut ni le ridiculiser, ni le disputer.
Même si la peur nous semble exagérée ou peu logique, pour l’enfant, elle est réelle. Prenez le temps de vous y intéresser. Posez-lui des questions simples, laissez-le s’exprimer avec ses mots.
L’importance des mots
Allez-y de façon simple. Très concise.
Nommer : « Tu as peur du noir Émile, c’est correct d’avoir peur. »
Valider : « C’est vrai qu’on ne voit rien, et ça peut être inquiétant. »
Rassurer : « Je suis là, tu es en sécurité. »
Ces mots simples transmettent un message fort : « Tes émotions ont le droit d’exister. Et tu n’es pas seul pour les traverser ».
Parlez-lui de vos propres peurs
Raconter nos propres peurs, ça crée du lien. Les longues soirées d’hiver sont parfaites pour ça!
Parlez-lui des peurs que vous aviez quand vous étiez enfant… et même, pourquoi pas, de certaines que vous avez encore aujourd’hui (tant qu’on garde le ton léger !). Racontez-lui comment vous faisiez pour vous rassurer : une lumière allumée, un toutou préféré. Et si c’est possible, invitez des enfants plus vieux à partager leurs propres trucs. L’enfant réalisera qu’il n’est pas le seul à avoir peur… et qu’il existe mille façons de se sentir courageux à nouveau.
Activité à faire ensemble : le carnet des peurs
Une belle activité à faire à la maison ou à l’école, et un beau souvenir pour plus tard! Prenez un petit cahier et transformez-le en carnet de peurs. C’est concret, visuel et valorisant.
L’enfant peut y dessiner ce qui lui fait peur, ou simplement écrire (avec vos mots ou les siens) ce qu’il ressent. Avec le temps, il pourra y voir son évolution : « avant, j’avais peur du noir… maintenant, un peu moins! » Et vous pourrez ensemble revenir sur ses victoires.
Bonus : ajoutez des autocollants, des couleurs, des photos… un peu de magie dans ce carnet, ça aide à apprivoiser la peur avec le sourire!
Quand la peur cache autre chose
Si une peur persiste, s’intensifie ou se transforme en évitement, c’est peut-être un signal d’anxiété plus profonde. Consulter peut alors aider à remettre un peu de lumière là où il y a trop d’ombre.
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Adultes, parents et amis :
vous faites bien ça!Quand on aide un enfant à mettre des mots sur sa peur, on l’aide à développer sa sécurité intérieure. Quand on reste présent, même fatigué, on lui apprend que la lumière n’est pas seulement une ampoule : c’est la confiance qu’il peut accorder à l’autre.